Nika Lozovska veut bien jouer le jeu. Dans les cuisines de Ferrandi, son ancienne école, elle pose pour Daria Svertilova, une photographe d’Odessa qui vit à Paris depuis cinq ans. Elles se connaissent de loin, pour avoir fréquenté le même milieu arty qui gravitait autour de Dizyngoff, le restaurant qu’elle a ouvert en 2016. Entre deux poses pour le shooting, Nika Lozovska arpente, un peu lasse, les salles et les couloirs de son ancienne école. Elle feint une absence d’émotion («ça ne me fait rien», dit-elle. «C’est comme si j’étais partie hier»). Pourtant, il n’y a rien de froid chez elle. Elle vous fait la bise, vous touche le bras quand elle parle, sourit doucement, prend le temps de réfléchir entre les phrases. Accrochée à son téléphone, où elle s’informe via des canaux de Telegram «et des vidéos YouTube de stratèges militaires», elle commente : «Ma vie, maintenant, consiste à demander des nouvelles de ma famille, de mes amis, de mes employés, de mon restaurant et de mon chien.» Son compagnon, employé comme informaticien chez Capgemini, n’a pas l’autorisation de quitter le pays.
Matin et soir,