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Le portrait

Olha Bihar, fard d’assaut

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L’avocate s’est engagée dans l’armée ukrainienne dès le début de la guerre et commande désormais un groupe de combat.
Olha Bihar dans la région de Kyiv, le 10 septembre 2024. (Jedrzej Nowicki/Libération)
par Veronika Dorman et photo Jedrzej Nowicki
publié le 4 octobre 2024 à 14h52

Le rendez-vous est fixé à Komar, à 45 kilomètres du front. «D’abord un vrai café, on discute ensuite», dit Olha Bihar. La poignée de main vigoureuse surprend tant la main elle-même est délicate, et la femme menue et gracile. En treillis militaire et tee-shirt kaki, elle se dirige d’un pas ferme vers le seul bar du village. En ce jour ensoleillé de septembre, l’officière ukrainienne est en repos.

Dans la vie d’avant, Olha Bihar, 33 ans, était avocate, fashionista et voyageuse passionnée. Désormais, sous le nom de guerre de «Vidma», «la sorcière», elle commande un groupe d’appui feu, dans un bataillon d’artillerie, et combat, depuis deux ans, en première ligne.

Comme pour tous les Ukrainiens, c’est en 2014 que la guerre commence pour la native de la ville de Kramatorsk, que les séparatistes prorusses ont tenue pendant quelques mois, après que Poutine a annexé la péninsule de Crimée. «C’est un moment de bascule», se souvient-elle, un craquement dans la voix. Cet hiver-là, Olha Bihar, en fin d’études en neurobiologie à la fac de la capitale, avait été active sur le Maidan de Kyiv, au cœur de la révolte contre la soumission du président Viktor Ianoukovitch à Mosco