Ils nous ont plu, fait fantasmer, voire carrément excité. Libération a décidé de passer à l’acte, et de coucher sur papier une aventure d’une nuit, ou plus si affinités, avec ces personnages imaginaires.
17 h 45. Il se présente bizarrement, ce rendez-vous. En théorie, le type coche toutes les cases du contact prometteur, voire du sujet d’article : tout juste rangé des voitures après vingt-cinq ans à la DGSE, sorti de l’ombre à l’automne dernier en poussant un officier des services secrets russes dans les bras de la police allemande, dernière promo de la Légion d’honneur… Et puis Josie Ledentu l’adore, or Josie Ledentu est la meilleure voisine du monde, et pas seulement parce qu’elle me lâche régulièrement une anecdote sur ses années de secrétariat boulevard Mortier en sirotant des Suze. Mais trop d’éléments clochent – à commencer par l’épilogue de ce que Paris a présenté comme une «traque héroïque sur trois continents». L’espion français habillé en culotte de peau, poursuivant sa cible au beau milieu de la Fête de la bière à Munich, devant des hordes de témoins, ça ne respire pas la mécanique de précision… D’ailleurs, les réponses de quelques-uns de ses anciens collègues à mes messages insistants – un émoji bouche cousue, deux «no comment», un «désolé j’ai piscine» – sentent vraiment la gêne. «De La Bath ? Très efficace, paraît-il, mais personne ne comprend pourquoi ni comment, a soupiré une source régalienne.