Ils nous ont plu, fait fantasmer, voire carrément excité. Libération a décidé de passer à l’acte, et de coucher sur papier une aventure d’une nuit, ou plus si affinité, avec ces personnages imaginaires.
Enfant, j’ai voyagé dans les mers du sud avec le capitaine Cook. Sa mort, déchiqueté par des cannibales, me rendait gourmand et inconsolable. Avoir une histoire avec une Tahitienne n’était pas son genre. C’était un explorateur à principes. Il m’a fallu quelques années de plus pour tomber, là-bas, sur Corto Maltese. C’était en 1913 ; c’était en 1977. J’avais l’âge de Corto et j’avais 14 ans. La Ballade de la mer salée, premier récit de ses aventures, avait été publiée dix ans plus tôt. Il était placé sous le signe d’un poète qui commençait à m’occuper, comme un secret, entre le Bateau ivre et Bonne pensée du matin : Arthur Rimbaud. «A quatre heures du matin, l’été /Le sommeil d’amour dure encore…» J’étais vierge, et Pandora m’est tombée dessus.
Pandora Groovesnore, enfant américaine d’une puissante famille de cette région du monde, fille d’un grand armateur de Sydney et nièce d’un contre-amiral britannique. Son cousin, Caïn, est un gamin blond que son orgueil rend maladroit. Pour moi, une tête à claques. Un peu comme moi. Pandora l’aime, mais n’hésite pas à l’engueuler. C’est u