D’abord, le pas. Lent, comme compté et dompté, qui vous pousse à ralentir et à attendre. Puis, la parole. Mesurée et précise, à l’économie, qui vous place aux aguets. Et ce regard d’encre et dense qui sonde, comme deux billes en vigie sous une coiffure touffue et une barbe blonde, blanche, brousse. Paolo Cognetti semble en défense et en prudence. Comme un dur-doux. C’est peut-être l’artiste Nicola Magrin, illustrateur de ses livres et marcheur et lecteur de haute altitude à ses côtés depuis douze ans, qui a le mieux saisi son ami écrivain randonneur : «Paolo n’est pas un ermite sur sa montagne. S’il apparaît comme très fermé, c’est à cause de sa grande timidité.»
Depuis les Huit Montagnes paru en 2016, le «grand timide» est pourtant devenu, à son corps défendant, un personnage public que l’on arrête dans la rue en Italie, que l’on consulte sur la crise climatique et environnementale, que l’on lit avec ferveur, que des jeunes prennent pour modèle. Chez Stock, c’est «le chouchou» de «la Cosmopolite», la collection centenaire de littérature étrangère dirigée par Raphaëlle Liebaert. L’éditrice décrit un «homme de peu de mots, fidèle et très entier».
Les Huit Montagnes, qui foule avec force les chemins de l’amitié et de l’enfance, de la transmission et de l’hommage pudique au père défricheur et initiateur