Menu
Libération
Le portrait

Pauline Déroulède, soldate à raquette

Article réservé aux abonnés
Roland-Garros 2024dossier
Amputée après un accident de la circulation, l’athlète prolixe se bat contre le permis de conduire à vie et prépare les JO en tennis handisport.
Pauline Déroulède à Paris le 12 mai 2022. (Marguerite Bornhauser/Libération)
publié le 23 mai 2022 à 17h38

Il fallait au moins un nom comme cela, pour affronter pareil destin. «Déroulède». En la mémoire d’un certain Paul Déroulède, lieutenant, député, poète et fasciste – fondateur de la Ligue des patriotes – à la fin du XIXe siècle. Pauline Déroulède, petite petite petite – on ne compte plus dans la famille – fille de l’officier, a de qui tenir. Elle aussi est «une guerrière» – le nationalisme en moins. Elle ne s’en cache pas. Le revendique même. Elle est joueuse de tennis handisport, numéro 2 française, 22e mondiale. Elle aussi a livré des combats – contre elle-même déjà –, a évité le coup fatal, puis a commencé un long chemin de croix.

On retrouve l’athlète trentenaire un jeudi de la mi-mai, au bois de Boulogne. Une longue silhouette à la chevelure de platine, visage de porcelaine, arêtes dorées et prothèse sous sa fesse gauche, s’approche vers nous. Ses yeux bleus Klein nous saluent. Le rendez-vous est donné dans le chic club de tennis nommé le Tir aux pigeons. Ici, seul le râle des oiseaux et des balles retentit, par ondées régulières. On s’installe en terrasse. Soleil éclatant, bleu évident. Derrière, plusieurs joueurs, tous en blanc, esquissent quelques coups sur la terre battue. Pauline Déroulède, elle, serre des paluches, salue Pierre, Paul, Jacques, prend un café et s’assoit.

«Tout a commencé il y a trois ans et demi, en octobre 2018», entame-t-elle, l’œil rivé sur son speculoos. L