Il est en retard. Les bougies risquent de s’éteindre, l’odeur d’encens de se dissiper et les fidèles de se retirer de cette chapelle bourguignonne décrépite et sombre. Certains scrutent la porte, impatients ; les autres parlent de la pluie et du beau temps. Du Père Matthieu, un peu. Soudain, il arrive dans un jean un poil trop grand et en baskets tendance, remonte l’allée d’un pas pressé, saluant chacun les mains jointes. «J’étais avec un monsieur qui me parlait de l’AVC de sa fille de 21 ans.» Le voilà parti à improviser, les yeux clos, sur nos souffrances et celles de la Vierge Marie. Sa voix grave emporte. De son office, on ne loupe rien. De quoi donner envie à un athée confirmé de revenir dimanche prochain. Et puis, «le week-end, c’est blindé» ! Il a la cote auprès des paroissiennes. «Il est beau notre curé. Beau comme son âme !»
C’est vrai qu’il a un charme, avec ce sourire ravageur et cette manière nonchalante de poser sa demi-fesse sur l’accoudoir du fauteuil durant notre entrevue. Ses vidéos quotidiennes sur TikTok, où il se met en scène, ont fait grimper le nombre de paroissiens, et ses apparitions télé, le nombre de bénévoles. «Il est passé sur C à vous», nous dit-on, non sans une once de fierté. A la sortie de la chapelle de l’hôpital de Joigny, dans l’Yonne, où il officie en semaine, Matthieu Jasseron, bientôt 39 ans, accepte sans rechigner de dédicacer son dernier livre, les Histoires de cœur d’un jeune curé, dont il fait