Dans la salle monumentale d’Orsay où onze grandes toiles de Peter Doig sont exposées, la couleur rouge, parfois tirant sur le orange, fait palpiter les tableaux : elle attire l’œil sur une raquette de ping-pong devant un mur géométrique bleu (Ping Pong, 2006), elle illumine un homme-grenouille dans une barque la nuit (Spearfishing, 2013), elle transforme un canoë fauve et spectral, immensément long, en embarcation mélancolique (100 Years Ago, 2000). Premier artiste invité à sélectionner des œuvres qui lui ressemblent dans les collections, le peintre a exhumé des tableaux étonnants en écho à son univers magnétique : prélude d’un combat de coq (Jean-Léon Gérôme), paysage de neige méconnu (Courbet) ou Camille, la femme de Monet, sur son lit de mort. Sur les tableaux anciens, il y aussi du rouge : chaussures de Vallotton façon bottes de l’ours Paddington sur un tableau de Vuillard, cheval mandarine chez Paul Gauguin ou tunique pourpre d’un Christ de Cézanne.
Alors quand Peter Doig s’avance, remplissant l’espace de son corps de sportif bien bâti, forcément, le tee-shirt rouge qui dépasse de son blouson saute aux yeux. «Je ne savais vraiment pas quoi mettre pour la photo, s’excuse-t-il en riant. Ma femme a choisi.» Voilà donc Peter Doig, peintre d’origine écossaise à la cote faramineuse, allure d’athlète de hockey et de ski – sports qu’il p