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Le portrait

Philippe Claudel, l’âme du Goncourt

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Romancier humaniste et styliste charpenté, le nouveau président du jury Goncourt espère ramener la sérénité au sein d’une compagnie qui vient de traverser tempêtes et polémiques.
Philippe Claudel, le 3 juin 2024. devant le restaurant Drouant à Paris. (Mathieu Zazzo/Libération)
par Luc Le Vaillant et photo Mathieu Zazzo
publié le 13 juin 2024 à 16h46

Le rendez-vous se déroule dans un bar-tabac en face du restaurant Drouant où, chaque automne, est remis le Goncourt. Récemment élu président du jury du prix littéraire le plus convoité, Philippe Claudel préfère la tranquillité d’un rade populaire aux nappes blanches d’un lieu dont il est devenu une sommité souvent sollicitée. Il porte chèche et casquette en une élégance affirmée qui floute sa silhouette sportive haute d’1,82 m et adoucit sa caboche cabossée de boxeur à crâne ras. Il a la parole élaborée et le goût de convaincre, la pédagogie allègre et la réponse attentive. Un proche : «Il peut apparaître rugueux et prudent à l’abord, mais dès que la carapace s’effrite et qu’il est en confiance, il devient très vivant, pas du tout taiseux. Cet affectif profond est d’un caractère entier, mais quand il a donné sa parole, il s’y tient.» Les uns et les autres le décrivent «calme, tête froide, pas pressé, gros bosseur, chaleureux». Et certains le racontent même «audacieux et intrépide». Ce qu’on n’aurait pas parié, l’imaginant plutôt tenu et retenu.

L’écrivain. On ne l’avait jamais lu et la surprise est bonne. Philippe Claudel est un romancier d’envergure. Hanté par l’histoire, il connaît l’âme humaine et sait faire la part des passions et des haines, en s’évitant le simplisme et le moralisme. Il manie avec force l’allégorie et le symbole. Il a la comparaison heureuse et la métaphore fraudeuse. Manuel Carcassonne, son éditeur, en dit : «C’est plus un

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