Menu
Libération
Le portrait

Pierre-Louis Bras, sous haute pension

Article réservé aux abonnés
Le haut fonctionnaire, limogé du Conseil d’orientation des retraites pour avoir contredit le gouvernement sur sa réforme, philosophe sur les arcanes de l’Etat.
Pierre-Louis Bras à Paris, le 29 novembre. (Dorian Prost/Libération)
publié le 15 décembre 2023 à 16h16

Où et quand débute exactement ce portrait de Pierre-Louis Bras ? Soyons fidèles aux méthodes du Conseil d’orientation des retraites (COR), qu’il a présidé pendant près de neuf ans avant d’en être éjecté fin octobre par le gouvernement, et envisageons plusieurs hypothèses.

Hypothèse 1 : la contemporaine. L’article commencerait le 29 novembre au Zimmer, café chic de la place du Châtelet où ce «technocrate», tel qu’il se définit lui-même, nous a donné rendez-vous. On raconterait la séance photo à laquelle il se prête de bon cœur, jouant avec une des écharpes qu’il porte en toutes occasions et qui participent de la subtile coquetterie que le personnage dégage. On s’attarderait sur sa jovialité et son humour gentiment autodérisoire. On relèverait qu’à l’heure du rendez-vous il était déjà attablé, lisant le livre Que sait-on du travail ?, somme scientifique parue en octobre aux Presses de Sciences-Po. On glisserait ici qu’il est le père de deux jumeaux plus que trentenaires, et là qu’il vit dans un lotissement pavillonnaire de Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine).

La seconde hypothèse serait chronologique : l’on partirait alors d’une ferme près de Montbazens, petite commune de l’Aveyron où ce fils d’agriculteurs a vu le jour, le 15 juin 1958. On raconterait l’enfance d’un garçon amateur de lecture, dont les parents «ont eu l’intelligence de comprendre» que leur unique rejeton ne reprendrait pas l’exploitation familiale. Il faudrait expliquer comment ce garçon, adhér

Les plus lus