Comment décrire Raphaël Pichon sans peindre un portrait de groupe ? A 20 ans seulement il créait sa propre troupe, Pygmalion, pour réaliser les choses comme il les souhaitait, c’est-à-dire en faisant des pas de côté. Transformer le Requiem de Mozart quasiment en un opéra, jouer dans une ancienne base sous-marine, demander aux chanteurs de danser tout en demeurant fidèles aux partitions. Baroqueux de formation, ancien chanteur, Pichon a une connaissance érudite de Bach. William Chancerelle, ancien colocataire, l’a connu à 18 ans. Ami un jour, ami toujours, plus de vingt ans que ça dure : «Quand je partais travailler, le matin, il restait dans l’appartement et dansait sur du Bach comme s’il était en boîte de nuit. La première fois que je l’ai vu, c’était dans le métro. Je l’ai remarqué, je me suis dit : “Alors lui, c’est le parfait Parisien, je pense qu’il va à la même fête que moi et je ne vais pas le supporter.” A la fin de la soirée il me proposait de partir en vacances avec lui.»
«Raph Pichon», comme le surnomme William, est l’un des grands chefs d’orchestre contemporains, un intellectuel autant qu’un artiste, un garçon aérien, sympathique, sobre et passionné, un bâtisseur. En guise de cathédrale voici une halle immense et désaffectée, près de Bordeaux, dans laquelle on le rencontre. Le soir même s’y donnera la première d’un opéra que dirigera Pichon dans le cadre du festival