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Libération
Série : «Revenez-nous» (5/8)

Reiser, dessiner en liberté

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Avec le dessinateur de «Charlie Hebdo», mort en 1983, opposons la trivialité corrosive au conformisme résurgent et aux indignations permanentes.
Jean-Marc Reiser au journal «Libération», en 1979 à Paris. (Michel Artault/AFP)
publié le 25 août 2024 à 15h01

La situation politique générale étant assez désespérée, Libération ressuscite des personnalités françaises disparues pour qu’elles reprennent les choses en main.


Qu’aurais-tu dessiné, le 8 juillet, au lendemain du second tour des législatives ? Une Marianne métissée et souriante, agitant un drapeau tricolore ? Une Assemblée nationale repeinte en vert, rose et rouge par une femme hilare, évidemment seins nus ? Non, il est probable que tu aurais préféré croquer des députés RN s’enfilant à la queue leu leu avec cette légende : «Bon, on va rester entre nous puisque personne ne nous aime !» L’un de ces dessins cracra comme tu les apprécies, avec des bites et des couilles, fidèle à ta devise : «Je dessine le pire parce que j’aime le beau.» Déjà en 1974, à la veille de la présidentielle (qui allait voir Giscard l’emporter sur Mitterrand), tu avais déclaré, toi, le communiste écolo pessimiste : «Si la gauche passe, je change de slip.» C’est ton style. La dérision par le trivial. Rire pour ne pas pleurer…

Reiser, tu es mort en 1983, il y a plus de quarante ans, et il n’y a plus guère que les «boomers» pour se souvenir de toi… Un sale cancer des os, à 42 ans. «Bon, ça t’aura évité de te faire descendre par les frères Kouachi», aurait dit, entre deux bouffées de cigare, ton pote Wolinski, autre amoureux des femmes, du vin et de l’humour au vitriol. Mais 42 ans, c’était vraiment tôt pour partir quand on avait ton talent. D’autan

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