On pensait qu’il ne vieillirait jamais. Dans l’imaginaire des amateurs de tennis, Richard Gasquet reste de toute éternité cet adolescent gâté par les fées, ce petit prince poupin, ce prodige inabouti. Il n’a pas réussi à satisfaire les attentes exagérées qui volaient en escadrille et lui passaient largement au-dessus des boucles blondes, mais c’est comme si chacun continuait à vouloir le prendre sous son aile et à le mener au bout d’un chemin qui n’a pas été le sien. Richard Gasquet n’a jamais plastronné en coq aux ergots acérés, ni en mâle alpha tant il n’est pas du genre prétentieux, ramenard ou va-de-la-gueule. Malgré tout, ces promesses formulées par d’autres l’engagent tant ceux qui voulaient y croire ne comprennent pas qu’il puisse ne pas satisfaire le désir populaire de recroquer du héros à raquette et de ressusciter de la mythologie en short.
En tête à tête, il fait son âge. Il aura 36 ans, le 18 juin, et la douloureuse est sans appel comme cela arrive souvent aux surexposés qui se tannent plus vite sous les projecteurs. On l’avait toujours fantasmé petit calibre sautillant et fureteur ? Il mesure 1,83 m, se pose là et tord un dos fatigué par une hernie discale. On l’imaginait angelot au front haut et aux joues rondes ? Il crispe des rides en réseau, et la barbe d’époque assombrit une humeur moins pr