C’était une après-midi parisienne ensoleillée à l’Institut du monde arabe. Elle voulait nous montrer l’affiche de l’expo «Ce que la Palestine apporte au monde». Puis, dans un café deux rues plus loin, devant un verre de rouge et une assiette de frites, Rima Hassan, roulée au bec, verbe haut et cerveau véloce, nous parlait de la façon dont le discours sur l’insoluble conflit était en train de changer, par petites touches.
Ces dernières années, sur les plateaux télés comme dans les conférences, le mot «apartheid» se frayait un chemin pour qualifier le système de domination mis en place par l’Etat hébreu sur les Palestiniens. On le devait à une nouvelle garde d’activistes charismatiques aux CV immaculés, sur un axe Paris-Jérusalem et New York-Ramallah. Incollables en résolutions de l’ONU mais capables de punchlines limpides («Au nom de quoi ne pourrais-je pas retourner dans le village de mes grands-parents ?») à même de résumer un siècle de douleur en bouchées tiktokables. A l’ère des colères algorithmées, de la colonisation sans fard de la Cisjordanie et du blocus sans fin de Gaza, le fedayin moderne n’était plus un terroriste mais un juriste parlant la langue des campus américains, juché sur toute la rectitude du droit international. «Ma seule boussole», résumait Rima Hassan.
C’était il y a un mois. Deux semaines plus tard, le Hamas attaquait le sud d’Israël avec une sauvagerie inouïe. En riposte, Israël pilonnait sans retenue la bande de Gaza. Le compteur