La revoir coule de source. Battements de cils entre nous de reconnaissance mutuelle. Rivers Solomon arrive en couple au rendez-vous. Sur les bords de la Moselle, un beau soleil de printemps joue entre les arbres. Le souvenir revient d’une première rencontre plus austère, en 2019, dans une bibliothèque en sous-sol, à Paris. L’écrivaine venait parler de son premier roman, l’Incivilité des fantômes (2017), voyage vers l’inconnu des derniers survivants de l’humanité dans un vaisseau spatial au fonctionnement esclavagiste et sexiste. Son autrice, enceinte et apparemment intimidée, répondait à tout, avec franchise et naturel. Trois ans plus tard, l’invitée aux Imaginales, à Epinal (Vosges), semble détendue. L’entretien s’écoule sans fard sur un banc, spectateur du va-et-vient de festivaliers. La partner de Rivers, ombrelle en main, se tient debout en ange gardien. Après les Abysses (2019), qui imagine que des femmes enceintes jetées à la mer par les vaisseaux négriers se sont muées en sirènes, son troisième roman, plus fantasy que SF, a les pieds sur la Terre et dans le présent. Il s’en prend cette fois-ci à l’oppression des femmes et des personnes LGBT dans les groupes religieux noirs radicaux, type The Nation of Islam ou Black Israelites. Dans Sorrowland, une jeune albinos intersexe s
Le portrait
Rivers Solomon, robinsonne intersectionnelle
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Epinal, le 21 mai 2022. Portrait de l'écrivaine Rivers Solomon. (Emmanuel Pierrot/Libération)
publié le 4 septembre 2022 à 18h01
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