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Le portrait

Robert Bober, l’âge de vivre

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A 92 ans, l’ancien petit garçon juif qui a échappé de peu à la rafle du Vél d’Hiv connaît le succès avec son dernier ouvrage. Dans le capharnaüm de son bureau parisien, livres et bibelots racontent le millefeuille de ses vies.
Robert Bober, le 9 janvier. (Emma Burlet/Libération)
publié le 4 février 2024 à 15h42

Il imagine les choses ainsi : un matin d’automne, un homme et une femme découvriraient son nom dans la rubrique Carnet du Monde. Ils penseraient à ses livres, reliraient peut-être des passages aimés et décideraient se rendre à la cérémonie au cimetière de Bagneux. Perdus au milieu de la foule, ils écouteraient la prière pour les morts et les chansons en yiddish. Puis l’homme et la femme repartiraient côte à côte, longeant l’avenue principale bordée d’arbres, échangeant quelques mots timides sur le hasard de se trouver ici, aux adieux d’un inconnu si familier. Ils monteraient dans le même wagon du métro. «Et ce serait le début d’un roman que l’un d’eux écrira. Un roman d’où je disparaîtrai dès la première page, sourit Robert Bober. Je ne veux pas que les gens aient du chagrin à ma mort, qu’ils se disent “le pauvre Robert”. Je préférerais que ça ouvre sur autre chose.» En attendant que la vie exauce la fiction, qu’il devienne quelques lignes quelque part, l’écrivain est installé dans le capharnaüm de son bureau, au premier étage de son appartement du XIe arrondissement de Paris. Sacrément fringant à 92 ans. Bon, à part ce rhumatisme à la jambe qui l’empêche de se lancer dans la photo de rue, ce qui le tentait bien.

Autour de Robert Bober, il y a une muraille (de livres) et une pagaille (de babioles) : une photo en noir et blanc de son ami Georges Perec, regard pétillant, coupe de champagne à la main, des stylos-plumes plantés dans un pot en terre qu’il a fa

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