On a rendez-vous avec l’un des rares hommes capables de démonter et remonter la gueule d’un Tyrannosaurus rex. Chemise pâle sur jean, mèche brune coiffée sur le côté et barbe de trois jours, il a tout l’attirail de l’intello. Ronan Allain est un paléontologue de renommée internationale, l’un des plus importants de sa génération. Il a été commissaire scientifique de l’exposition «Un T. rex à Paris», a participé à la découverte de plus de douze dinosaures, qu’il a décrits et nommés et s’apprête à baptiser son treizième. Pourtant, il n’est pas du genre à se la raconter. Sourire présent et démarche élastique, le scientifique ouvre les portes de l’arrière-boutique de la galerie de paléontologie du Muséum national d’histoire naturelle (MNHN). La pièce est tapissée de posters d’animaux disparus, on tombe sur deux imposantes caisses grises en PVC. Leur contenu : «Un dino.» Ronan Allain s’empresse de sortir le crâne d’un prosauropode. Il fait les présentations comme s’il s’agissait d’un vieil ami : «C’est un lointain petit-cousin de Diplodocus. Il a vécu il y a entre 220 et 180 millions d’années, et, à cette époque, il était encore bipède.» Mais il faudra attendre encore plusieurs millions d’années avant que les sauropodes ne deviennent ces colosses végans, à quatre pattes et au cou longiforme. Nous avons tous rêvé de découvrir d’énormes fo
Le portrait
Ronan Allain, les fouilles au corps
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Ronan Allain dans la galerie de paléontologie du Muséum national d’histoire naturelle, à Paris, le 22 novembre 2023. (Christophe Maout/Libération)
par Yoanna Herrera
publié le 12 juillet 2024 à 15h03
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