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Libération
Le portrait

Rosy Auffray, alerte contre les algues vertes

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Veuve du joggeur mort asphyxié dans un estuaire breton, cette Allemande a obtenu que l’Etat soit reconnu responsable et s’investit dans la cause environnementale.
Rosy Auffray, le 12 juillet 2025, près de l'endroit où son mari est mort en 2016. (Quentin Vernault/Libération)
publié le 20 juillet 2025 à 15h45

Pour faire voir qui était son mari, elle a ressorti quelques albums photos témoignant de leurs périples. Comme cette rando au long cours en Corse, ponctuée par les siestes de «Jean-René» en pleine nature, montre-t-elle, amusée. C’était leur dernier voyage. «On a profité jusqu’au bout», se félicite Rosy Auffray. Elle reçoit la journaliste, qui porte le même patronyme qu’elle mais sans aucun lien de parenté, à l’ombre de l’arbre à soie planté «pour faire un parasol naturel» devant leur maison, à Hillion.

Deux mois après la Corse, le 8 septembre 2016, Jean-René Auffray est mort. Adepte de trails, le tout juste quinqua était parti s’entraîner avec sa chienne. C’est Rosy qui l’a trouvé, allongé sur la vase dans l’estuaire du Gouessant, le fleuve côtier qui se jette pas loin de la maison, au fond de la baie de Saint-Brieuc, où prolifèrent depuis des décennies les algues vertes. Nourrie par les nitrates issus des fertilisants agricoles, leur putréfaction dégage un gaz, l’hydrogène sulfuré, mortel à haute dose.

Ce jour-là, aucune trace d’ulves dans l’estuaire. Rosy Auffray ne fait pas le lien, refuse l’autopsie. On parle d’un arrêt cardiaque dû à l’épuisement pour sortir la chienne de la vase où elle avait dû s’enliser. Peu à peu, elle découvre dans la presse que la dangerosité des vasières était connue des autorités. Invisibles, les algues peuvent s’être enfoncées et créer des poches de gaz. Mais, avec l’écran de fumée entretenu sur le sujet,