Il tient minutieusement sa liste à jour. «La politique, c’est compter les voix, faire des croix et des colonnes.» Alors, il griffonne. Surligne les noms de macronistes désenchantés qui, comme lui, pourraient se rebiffer. Raye ceux qui se sont ravisés. Depuis des semaines, Sacha Houlié tente d’exfiltrer des députés de l’ancienne majorité, comme on complote une évasion. Il lui en faut quinze pour réussir son coup. Ah… monter son groupe à lui. Leur faire la nique à tous, les ministres, les hauts gradés du camp présidentiel, les mieux lotis de la macronie.
En attendant d’autres mutins, le député de la Vienne suit, ce mardi, le discours de politique générale de Michel Barnier, au dernier rang de l’hémicycle, où siègent ceux qui n’ont pas trouvé de point de chute. Le trentenaire, figure de l’«aile gauche», a plaqué le groupe Ensemble pour la République (EPR, nouveau nom de Renaissance), cet été, juste après sa réélection. Les autres ? Parmi les rescapés, les repentis lambinent. Pars devant, on te rejoint. Quand il s’est retourné, Houlié était seul. Et dehors.
C’est le dynamitage de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron qui l’a dégoûté pour de bon. Le 9 juin, le jeune père, à peine rentré de la maternité, passe à la soirée électorale de Renaissance qui attend sa déculottée aux européennes. «Il va dissoudre», apprend-il par la bande. «Vous vous foutez de moi ?» s’étouffe Houlié, furax. Rentré fissa dans la Vienne, il fait campagne à fond et à sa sauce, clame q