Sadeck Berrabah parle de géométrie comme dans une soirée de profs de maths. Les symétries, la suite de Fibonacci, le nombre d’or. Le chorégraphe, l’un des plus cotés du moment, les a transposés à la danse. C’est tout une histoire. Il s’est documenté, en autodidacte. Puis, il a dessiné des figures sur papier, qu’il a adaptées au réel. Le Lorrain au crâne rasé a toujours eu le fluide avec les crayons. Il fut gamin dans sa bulle, bègue, capable de passer une éternité à fignoler un trait. Sur sa chaise, face à nous, il bouge les bras. Des points et des angles droits se forment dans le vide – on croirait une équerre vivante. «Je joue avec les lignes du corps, qui est semblable à un Rubik’s cube», dit-il. Il bouge, encore, en reliant les plus grands mathématiciens aux mangas. «Tu vois les Pokémon ? Et les boules de feu dans Dragon Ball ? Boum ! Elles m’ont inspiré aussi.»
Avec ses idées, Sadeck Berrabah, 35 ans, a séduit des stars internationales de la musique et des marques de luxe en transformant des mouvements de bras, de coudes et de mains en œuvres d’art. Murmurations, son spectacle, tire son nom des nuages d’oiseaux qui se forment dans le ciel. Sur scène, ça donne des dizaines d’êtres humains coordonnés à la perfection, capables de faire croire au public qu’il peut s’envoler. Un matin d’automne, on l’a croisé à Paris, dans une loge du théâtre 13e Art. Sadeck Berrabah, 1,71 mètre, est l’un des contes de fées français du moment. Avant la lumière, le Lorrain