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Le portrait

Sarah Abramowicz, au chevet du clitoris

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A Montreuil, cette gynécologue-obstétricienne a mis en place une unité pluridisciplinaire qui permet de réparer physiquement et psychologiquement les femmes excisées.
Sarah Abramowicz, à Montreuil le 20 mai 2025. (Mathilde Mazars/Libération)
publié le 30 mai 2025 à 15h35

Chapitre 1. Il y a huit ans, Sarah Abramowicz arrive à l’hôpital André-Grégoire de Montreuil avec un projet : créer une unité dédiée aux femmes excisées, auxquelles la gynécologue-obstétricienne a consacré sa thèse. Dans ce coin de la Seine-Saint-Denis, l’enjeu n’est pas simplement de reconstituer le clitoris, une opération plutôt simple d’une demi-heure. Certes, le corps est torturé, mais la tête paie un tribut équivalent. Des traumatismes resurgissent en essaim lorsque des femmes prennent la décision de passer au bloc. «L’excision n’est souvent que la première des violences dans leur parcours», dit Sarah Abramowicz, grands yeux bleus sur peau pâle. Elle décrit un circuit de destruction massive pour certaines de ses patientes : excision, viol conjugal, exil, viols en Libye, violence administrative en France. Il faut donc guérir le cerveau, sans quoi le clitoris ressuscité n’aura qu’une utilité symbolique. Ce travail invisible est la compétence de spécialistes pointus, qui coûtent cher en temps et en euros. Or, l’hôpital public est maltraité : les budgets, aussi nobles soient les causes, sont faméliques.

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