A l’occasion des «Rendez-vous de l’histoire», qui se tiennent à Blois du 4 au 8 octobre, la rédaction de Libération invite une trentaine d’historiens et historiennes pour porter un autre regard sur l’actualité. Retrouvez ce numéro spécial en kiosque jeudi 5 octobre et tous les articles de cette édition dans ce dossier.
S’asseoir, donner son nom, se faire inscrire : au rugby ou ailleurs, les grandes histoires commencent au secrétariat. C’est comme ça que Serge Betsen, en arrivant en France en 1983, a reçu son nom. Au Cameroun, où il vécut jusqu’à ses 9 ans, les identités étaient fluides, et chacun savait jongler avec ses noms : Betsen, le plus utilisé, hérité de son oncle maternel, Bolivie, parce que «c’est beau la vie», Tchoua, de son père, et Serge, son prénom chrétien. En France il se présenta comme Betsen Serge, comme on dirait Jean-Louis. On entendit un nom exotique et un prénom bien de chez nous, et ce fut réglé, à la française, en aplatissant un monde de subtilités comme on met un carré dans un triangle. Bref Serge Betsen naquit ainsi à l’ovalie, en rentrant dans les cases d’un formulaire. Il devint dans les années 2000 une figure mythique du rugby international, un spécialiste inégalé du plaquage, ce qui lui vaudra bien des surnoms, de la faucheuse au sécateur. Palmarès brillantissime : Grands Chelems, boucliers de Brennus, il a tout gagné