Au commencement, elles étaient deux. Lydie et Lucile, nées le 11 février 1904 à Alès, dans le Gard. La première est décédée à 18 mois d’une pneumonie. La seconde, âgée de 118 ans, défie aujourd’hui toute certitude scientifique sur la longévité. Sœur André, de son vrai nom Lucile Randon, est devenue doyenne de l’humanité le 19 avril dernier, une distinction décernée par le livre Guinness des records et l’International Database of Longevity (IDL).
Dans son Ehpad toulonnais de Sainte-Catherine-Labouré où elle réside depuis 2009, la religieuse fait passer le temps entre balades dans le jardin et temps de prière. Elle nous attend dans une salle à manger au premier étage, son fauteuil roulant garé devant une Vierge. Pantoufles à scratch aux pieds, sœur André triture les boutons de sa chemise blanche parfaitement repassée. «C’est bien boutonné ?» veut s’assurer celle qui a perdu la vue il y a quelques années. Quand on a 118 ans, les cinq sens sont éprouvés. La supercentenaire est partiellement sourde, son attaché de presse David Tavella se charge de répéter nos questions.
Jamais sans ses habits de religieuse, un voile bleu marine posé sur la tête, sœur André a d’abord baigné dans le protestantisme avant de changer de cap suite à un «appel de Dieu». Elle entre dans les ordres en 1945, à 41 ans, et pose ses bagages à la maison d