C’était en 2011. Sofiane Hadjadj, qui a créé onze ans plus tôt à Alger les éditions Barzakh avec sa femme Selma Hellal, lit un article d’un chroniqueur au Quotidien d’Oran dont on parle de plus en plus en Algérie. Un certain Kamel Daoud. Celui-ci y évoque l’invisibilité de l’Arabe tué par Meursault dans l’Etranger de Camus. Barzakh a déjà publié un recueil de nouvelles de Kamel Daoud et celui-ci est devenu un ami. Quand Sofiane Hadjadj lit cet article, il pressent qu’il y a là matière à bien plus qu’une chronique. Il appelle Daoud : «De combien as-tu besoin pour t’arrêter de travailler le temps d’écrire un livre ?» Le journaliste lui répond. Et l’éditeur lui assène : «Je te verse cette somme, tu arrêtes tout et tu écris un roman à partir de ta dernière chronique.» Kamel Daoud part s’isoler dans les montagnes de Kabylie et livre son manuscrit. Ce sera en 2013 le fameux Meursault, contre-enquête, couronné en France par de nombreux prix, dont le Goncourt du premier roman, un livre qui fera connaître son auteur dans le monde entier. Pour Barzakh, qui en a vendu les droits à Actes Sud, ce succès a été un «point de bascule», une rampe de lancement. Il a soudain donné une visibilité et une crédibilité à une maison partie de rien et sans aucun réseau. Et permis à Sofiane Hadjadj et Selma Hellal de trouver un moyen de mon
Le portrait
Sofiane Hadjadj, raison d’édition
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Sofiane Hadjadj à Paris, le 28 septembre 2023. (Chloé Sharrock/Myop pour Libération)
publié le 16 octobre 2023 à 15h24
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