Ses doigts en pincent pour un ukulélé. Ses yeux, qu’elle ponctue d’un point médian sans lien avec l’écriture inclusive, s’incurvent vers le bas au fil de sa fatigue. Son timbre cosmique mordille l’oreille des pros et titille la curiosité des médias. Solann, chanteuse autodidacte de 24 ans, est en passe de commettre un fric-frac sans effraction, un braquage pacifiste avec prise d’otages éminemment volontaires, comme l’a fait l’an dernier Zaho de Sagazan, dont elle assure ce mercredi 13 mars la première partie au Zénith. Depuis la sortie de son EP Monstrueuse en janvier, son agenda se noircit. Elle s’attable face à Yann Barthès dans l’émission Quotidien et se multiplie sur les ondes de Radio France. Ironie du sort, celle qui a tâté du mannequinat sans jamais fouler les catwalks de la haute couture, son mètre 70 la préservant du gadin repris en boucle sur les réseaux, vient d’assister au défilé Dior. Fille d’une styliste et costumière, elle avoue avoir été flattée que les sniffeurs de tendance l’invitent. Même si, à la ville, elle s’évite les logos clinquants et aime porter les fringues de ses devancières. Jeans over size sur les hanches, bras fluets flottant dans les manches kimono de son pull, elle raconte son expérience peu lucrative de la mode, son soulagement de ne plus être désignée à la troisième personne, et le tranchant d’u
Le portrait
Solann, médusante
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Solann Lis-Amboyan, à Paris le 11 mars. (Martin Colombet/Libération)
publié le 12 mars 2024 à 15h39
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