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Le portrait

Sorj Chalandon, Mao les cœurs !

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Lettre affectueuse à l’ancien grand reporter de «Libé» devenu écrivain reconnu, qui se raconte ado SDF et jeune maoïste après Mai 68.

Sorj Chalandon, le 18 juin 2025. (Fanny de Gouville/Modds pour Libération)
Publié le 27/07/2025 à 15h36

Mon cher Sorj,

Tu es l’un de ceux qui ont fait ce journal. Tu y es entré parce que tu militais chez les maos et que tu savais dessiner. Tu y es resté, car tu aimais le journalisme et que tu savais y faire. Tu as été grand reporter, et l’un des meilleurs. «Un surdoué», me dira Philippe Lançon. Tu étais à Sabra et à Chatila, tu as suivi le procès Barbie et tu as souvent rallié cette Irlande républicaine qui te tenait tellement à cœur. Tu es resté trente-quatre ans dans la maison Libé. On s’y est côtoyés et on s’appréciait sans être forcément toujours en phase. Il y a eu des conflits, mais c’est le pain et le sel de cette rédaction. De toute façon, il est difficile de t’en vouloir longtemps, tu es trop charmeur, trop séducteur, trop malin. Tu avais l’art de retourner les assemblées générales et de faire triompher les thèses de la direction. Tu t’en amuses aujourd’hui quand tu détailles ta dépendance «à Serge». Serge July est celui qui t’a permis d’échapper à la violence qui guettait les fantassins de l’après-Mai 68, ceux qui auraient pu verser dans le sanglant des

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