Ali et Kiana viennent de fêter leur dix-septième anniversaire loin de leur mère. Comme depuis huit ans, les moments de joie des jumeaux ont toujours un goût amer. Le temps défile et Narges Mohammadi, la femme qui leur a donné la vie, continue de croupir derrière les barreaux de la tristement célèbre prison d’Evin, à Téhéran. Dans une lettre datée de 2018, l’éminente militante iranienne des droits des femmes avait décrit cette absence comme une «douleur insupportable et indescriptible» : «Je suis figée dans le temps. Mes enfants ont grandi, ils ont changé. Ils ne parlent que de papa, et maman n’a plus de place dans leur vie quotidienne : dormir, se réveiller, faire des courses, jouer. La tyrannie arrête la vie.»
Témoignage exceptionnel
Pourtant, à plus de 5 000 kilomètres de la capitale iranienne, l’activiste de 51 ans reste omniprésente dans la vie en exil de ses enfants et de son mari, Taghi Rahmani, lui aussi emprisonné à de nombreuses reprises dans les geôles de la république islamique. D’autant plus en ces jours froids de novembre, alors que la journaliste aux épaisses boucles noires vient d’ê