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Libération
Le portrait

Tardi, en noir et planches

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L’auteur de BD, rendu célèbre par «Adèle Blanc-Sec» et «Nestor Burma» est un anar ombrageux et un conteur lumineux, hanté par la guerre et qui trouve le bonheur à sa table de travail.
Jacques Tardi, chez lui, à Paris, le 30 septembre. (Roberto Frankenberg/Libération)
par Louis Moulin et photo Roberto Frankenberg
publié le 3 novembre 2022 à 17h58

La première fois qu’on a rencontré Tardi, il nous a parlé de la guerre. Pour contrebalancer un enthousiasme de petit garçon pour la chose martiale, l’autorité parentale nous avait mis entre les mains C’était la guerre des tranchées avant l’âge de 10 ans. On se souvient d’une lecture effarante, de chevaux perchés dans les arbres et de loques humaines dans des trous, de cases en noir et blanc qui marquent durablement l’âme.

La dernière fois qu’on a rencontré Jacques Tardi, il nous a encore parlé de la guerre. Toujours en noir et blanc : chemise et pull d’encre, cheveux et barbe couleur papier, l’auteur nous a ouvert la porte de son domicile et atelier du XXe arrondissement de Paris. C’étaient quelques jours avant la sortie du dernier tome des Aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec, clôture d’une saga qui le propulsa parmi les plus célèbres écrivains français de bande dessinée. Adèle a beaucoup donné à Tardi et il le lui rend bien. «Je vais même faire un entretien au Figaro pour elle», glisse-t-il d’une petite voix aiguë, pas entamée par les clopes alignées tout au long de l’entretien. Mais, bien vite, la conversation abandonne l’héroïne pulp pour les champs de bataille,

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