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Libération
Le portrait

Têtes de l’art : Vertumne, la lutte finale

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Le protagoniste du peintre italien du XVIe siècle Arcimboldo est appelé à la rescousse pour tenter de sauver le dernier cerisier d’une cité de Montreuil.
Vertumne est revenu à Montreuil et il n'en croit pas ses oreilles de légumes. (Léa Djeziri/Liberation)
publié le 13 août 2025 à 15h49

Comment vivraient-ils le monde en cours, si on les sortait de leurs cadres d’origine ? Libé a téléporté des personnages de tableaux emblématiques en 2025.

A la sortie du métro, Vertumne ne reconnaît pas grand-chose. Tout a changé ou presque à la mairie de Montreuil. De retour après seize ans, il parle tout seul au milieu de la place Jean-Jaurès. «Je crois que c’est une erreur» ; «Je ferais mieux de faire demi-tour» ; «Je m’étais promis de ne plus jamais revenir.» Vertumne est dans le coin pour Micheline. Son amie, désespérée, qui habite depuis toujours dans la plus grande tour de la cité des Grands Pêchers, lui a écrit un courrier au stylo à plume. «Au secours camarade, ils veulent abattre le dernier cerisier de la cité. Nous avons besoin de toi.»

Vertumne est immortel. Il a été peint en 1590 des mains de Giuseppe Arcimboldo. Un portrait de son ami et protecteur, l’empereur Rodolphe II, en Vertumne, le dieu de la nature et des saisons dans la mythologie romaine. Composer des visages humains avec des fruits, des végétaux ou des animaux : la spécialité d’Arcimboldo. Avec un côté surréaliste avant l’heure. Une peinture révolutionnaire. Elle lui fait traverser le temps. Vertumne, qui a parcouru l’Europe, a passé sa vie à défendre les autres et la bonne bouffe, mais le militant fatigué, bousillé par le dégoût et les politiques, a laissé les luttes derrière lui. Il a trouvé une planque dans un village des Cévennes grâce à une connaissance. U