L’horaire est inhabituellement tôt pour une rencontre à caractère (ne fût-ce qu’implicitement) promotionnel. Pourtant, hormis Fernand qui, nullement cabot, s’en tient à son rôle de «chat sans oreilles» (un scottish fold, nous apprend-on, une race caractérisée par des esgourdes repliées vers l’avant), vautré sur un coussin, la maisonnée semble déjà bien éveillée, en ce début de semaine plombée par la météo. Les ados ont déjà filé vers les cours et Anne, la compagne à lunettes et au bonnet vissé sur la tête, assure une figuration furtive depuis la cuisine américaine (une phrase de dialogue : «Tu penseras à remettre une bûche ?» avant de sortir du champ en lançant à la cantonade une ultime réplique, spontanément familière : «Salut guys, bonne journée !»), abandonnant de la sorte tout l’espace au premier rôle masculin.
Solidement campé dans le confortable décor d’une adresse pourtant discrète du Xe arrondissement parisien (séjour cosy avec cheminée, piano et bouquets fleuris, sous la véranda donnant sur un jardin intérieur généreusement végétalisé), Thomas Bidegain n’est pourtant pas si habitué que ça aux avant-postes. Car si le personnage appartient indéniablement à la «grande famille du cinéma», sa fonction première, du moins celle qui l’a fait connaître de celles et ceux enclins à détailler les génériques, le cantonne d’ordinaire à l’écriture. Scénariste prisé, on lui doit les plus grands succès de Jacques Audiard (De rouille et d’os, Un prophète, Dheepan,