Le regard langoureux de Lauren Bacall nous couve en biais, depuis le mur adjacent. Sur celui d’en face, deux masques africains observent, impassibles. On ne pouvait rêver mieux que le décor hétéroclite de ce café du quartier de la Bastille à Paris pour rencontrer un célèbre humoriste, pur produit du stand-up hexagonal, qui se présente désormais, aussi, comme un "réalisateur africain". En tout cas, pour son dernier film, un thriller qui l’a ramené au pays des origines : le Cameroun, d’où sont venus ses parents, avec déjà trois petits garçons dans leurs bagages. Thomas Ngijol, aujourd’hui âgé de 46 ans, sera le quatrième. Premier enfant du couple à naître en France, comme ses deux sœurs après lui.
C’est le destin des enfants d’immigrés de cumuler les identités multiples. Mais jusqu’à présent, quand Thomas Ngijol évoquait le Cameroun dans ses sketchs, c’était avec le prisme du jeune banlieusard sarcastique, écartelé entre deux univers, dont il soulignait le décalage. Propulsé sur le devant de la scène, dans les années 2000, grâce au Jamel Comedy Club, il s’est souvent inspiré de sa propre histoire, celle d’un enfant immigré qui a grandi à Maisons-Alfort, dans la région parisienne. Ses premières incursions dans le cinéma ont élargi l’horizon, avec des comédies évoquant l’esclavage ou la dictature en Afrique. On restait néanmoins dans des codes et des références «made in France».
Désormais fini de rire, ou presque, avec Indomptables dont le titre évoque l’équip