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Le portrait

Thomas Voeckler, plus d’un Tour dans son sac

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Le rusé baroudeur qui grimaçait en jaune est devenu commentateur télé ébouriffant et sélectionneur à succès de l’équipe de France cycliste.
Thomas Voeckler, 43 ans, à Cholet, le vendredi 24 juin. (Théophile Trossat/Liberation)
publié le 3 juillet 2022 à 19h41

Voici devant nous le visage de juillet. Une paille en papier recyclé dans la bouche. Les marques blanches de lunettes de soleil, devenues indélébiles, qui détourent un regard matois. Un sourire en fil de fer. Les traits personnifiés du Tour de France selon le grand orchestrateur de la course, Christian Prudhomme, qui donna un jour sa vérité, très lyrique : «Le mythe du Tour, c’est le visage de Thomas Voeckler au plateau de Beille. Il ouvre son maillot, il a le visage tordu, déformé par la douleur, par la souffrance et d’un seul coup son visage s’éclaire !»

Il y a quelques années, Voeckler était la plaie du ronfleur, avec ses embardées soudaines sur son vélo. Désormais, il ébouriffe au commentaire sur sa moto-suiveuse pour France 2. On l’a dévisagé la semaine dernière, avant le départ du Tour, au bar d’un hôtel de Cholet en marge des championnats de France.

Ego

Dans l’imaginaire collectif, Thomas Voeckler, 43 ans, est ce coureur supplicié. Il escalade la montagne ou place ses attaques la langue grosse et sortie, en poussant des ahans de chien fou. Une position sur le vélo baroque qui lui donne, peut-être autant que ses victoires d’étape sur la Grande Boucle (quatre) et ses jours passés en jaune (vingt, une moitié en 2004 et l’autre en 2011), une stature. Du cachet : le «petit» coureur prêt à rendre tripes et boyaux pour défendre et sa place et la beauté du vélo. Sur ces grimaces, il dit : «Je n’arrivais pas à me regarder, je me trouvais vraiment horrible. C’était devenu

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