Une voix posée presque chuchotée, des yeux bleus qui tiennent le regard franchement, des mots précis pour développer une pensée qui ne va pas de soi. Aucune acrimonie. Rien ne vient polluer l’échange, aucune posture ou storytelling, pas de souci d’image. Vahina Giocante détonne. D’où vient le sentiment de stabilité qu’elle dégage alors que dès sa plus petite enfance, elle fut aux prises avec ce qui détruit tous les repères, corps et pensée à la fois ? L’actrice a été violée par son père, sans profession établie, entre ses «4 ou 5 ans» et ses 10 ans, l’âge où, pressentant l’arrivée de la puberté, elle s’est mise à refuser sans en livrer la raison, de lui rendre visite – ses parents étant séparés.
Elle lui dédie cependant son premier ouvrage A corps ouvert, où elle décrit l’inceste, mais aussi la difficulté de se séparer de ce père, qu’elle dit aimer toujours malgré et en dépit de lui. Elle nous regarde, sourit. «Il est sans doute plus facile de détester son agresseur lorsque ses gestes sont brutaux. Les actes incestueux ont commencé doucement avant même que j’aie la moindre idée de ce mot. Ils provenaient de la personne qui était mon héros. Il y avait une impossibilité totale de lutter.»
Vahina Giocante ne cherche pas à être canonisée. Mais dit que la colère et la hain