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Libération
Le portrait

Valérie Murat, la lutte en vin

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Depuis la mort de son père d’un cancer broncho-pulmonaire, l’activiste anti-pesticides se bat contre le puissant lobby des vins bordelais.
Valérie Murat chez elle, près de Bordeaux, le 2 mai. (Céline Levain/Mirage Collectif)
publié le 8 mai 2022 à 15h43

Novembre 2021. Valérie Murat s’avance sur scène, un micro à la main. C’est là où nous la rencontrons la première fois, pour une interview au Palais de la Bourse, à Lyon. Sa silhouette est fragile mais son port altier. Droite sur sa chaise, sa voix est sûre, ses gestes sont calmes. Une colère feutrée, à peine audible, s’entend parfois entre les phrases. C’est que Valérie Murat, malgré sa douceur, a de quoi être courroucée. En février de la même année, elle a été condamnée avec son association Alerte aux toxiques pour «dénigrement» des vins de Bordeaux, suite à la publication d’analyses de pesticides dans des bouteilles labellisées Haute valeur environnementale (HVE).

Cette fille de viticulteurs, qui qualifie son milieu d’origine de «très modeste», grandit dans une famille «avec un jardin, un potager et des volailles». «C’est ce qui nous a permis de tenir, d’avoir une bonne alimentation à moindre coût.» Une fois adulte, elle assiste, impuissante, au dépérissement de son père suite à un cancer broncho-pulmonaire reconnu comme maladie professionnelle. «Après la guerre, c’était ainsi pour tout le monde : la question d’utiliser ou non des pesticides ne se posait pas. Les conseillers de la chambre d’agriculture, les techniciens de la cave coopérative, les distributeurs de pesticides, tout ce petit monde lui assuraient qu’il ne risquait rien s’il se protégeait. C’est exactement ce qu’on dit encore aujourd’hui aux viticulteurs.» Très affectée par la dispari

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