«C’est quand même incroyable, tout le monde parle à notre place», tonne le militant gay Francis Carrier. «Mais où sont les droits des vieux ? Où est leur libre choix ?» analyse Véronique Fournier, médecin. Tous les deux ont 69 ans, tous les deux ont un itinéraire qui, a priori, ne les conduisait pas à ce combat. Et les voilà pourtant inséparables, comme un couple, l’un commence une phrase, l’autre la finit. Ils s’appellent plusieurs fois par jour, mettant au point tous les détails de leur Contre-salon des vieilles et des vieux, qui se tient ce week-end à Paris. Un événement unique, loin des clichés sur les personnes âgées et surtout loin de la «silver economy» qui cherche à transformer la vieillesse en bonne affaire à tout faire.
Ce duo est, par bien des aspects, improbable, un de ces miracles que provoque l’engagement. On les connaît bien tous les deux pour avoir travaillé avec eux à la création du Cnav (Conseil national autoproclamé de la vieillesse). L’idée de ce conseil était alors toute simple : que les personnes post retraitées parlent. Avec un slogan : «Rien sans les vieux pour les vieux». N’était-ce pas sidérant, en effet, que lors du scandale des Ehpad tout le monde ait pu donner son avis, sauf les premiers concernés ? Et que penser de cette ahurissante politique qui a consisté à fermer à double tour les établissement