Au détour d’une phrase en apparence ordinaire, Véronique Le Floc’h s’offre quelques secondes de silence. Une respiration. Puis une autre. Autour, un raffut inouï. Des animaux qui braillent, des paysans qui s’engueulent, des gamins qui jouent. Et toujours ces mots qui tardent à venir. Les yeux s’humidifient. «Je ne suis pas faite pour ça.» La semaine au Salon de l’agriculture, où elle reçoit, a été éprouvante. Des mains serrées à la chaîne et des rencontres les yeux dans les yeux avec ce que le pays compte de plus éminent. Des politiques de tous bords se sont pressés à son chevet, de François Ruffin à Jordan Bardella, de Gabriel Attal à Philippe Brun. Quand on la rencontre, au dernier jour du Salon, elle est «un peu dans les vapes». S’en excuse. Et refait le film des derniers mois. Elle, la gamine du Finistère, qui a appris très tôt à grimper sur un vélo, des rêves de victoires plein la tête, championne de France de cyclisme à l’âge de 15 ans, n’aspirait qu’à une vie paisible, entourée de son mari et de leurs trois enfants. Elle se révèle intranquille. Les flashs et les projecteurs ont fait leur temps. Cela en devient «malsain». Elle dit : «J’ai l’impression de sacrifier ma famille, ils m’en veulent beaucoup. En m’installant, je pensais avoir plus de temps pour eux. Finalement, c’est l’inverse.» Il y a quelques jours, elle a envoyé un message à son fils pour lui souhaiter son anniversaire. Boulette. Ce n’était pas la bonne date.
Depuis le début de l