Son court discours d’intronisation, Veylma Falaeo l’a écrit d’un jet sur son smartphone, «spontanément», depuis son siège dans l’hémicycle, lorsqu’elle a saisi la tournure que prenait le scrutin pour l’élection à la présidence du Congrès de Nouvelle-Calédonie, le 29 août. «Ce n’était pas le film attendu» pour son parti, L’Eveil océanien, minoritaire. «J’ai un gros coup de stress sur le moment mais j’intériorise beaucoup, et tout de suite après, j’entre dans le costume.» Elle est la première femme à l’enfiler, la première à le faire aussi jeune (41 ans) et la première Calédonienne d’origine wallisienne et futunienne («la troisième force démographique du pays») à devenir l’incarnation de l’assemblée délibérante de cette collectivité unique en son genre.
Le contexte aussi est exceptionnel : à compter du 13 mai, l’archipel du Pacifique a connu des émeutes d’une ampleur inégalée depuis les événements de 1984-1988, qui avaient abouti à la signature des accords de Matignon et de Nouméa, destinés à garantir l’intégration économique et institutionnelle des Kanak et à permettre aux Calédoniens de se prononcer sur l’indépendance. Un chemin cahotant brutalement coupé par le projet de révision constitutionnelle sur le dégel du corps électoral.