A la fin de l’interview, notre regard se pose sur l’anneau quasi seigneurial que Vincent Perez porte à la main droite. Orné d’une épée, ce cadeau d’un homme croisé à Tbilissi renferme l’inscription «Je tue l’ennemi». Si l’assertion a des échos compliqués en cette période d’actualités sanglantes, elle est en phase avec les évolutions personnelles de notre vis-à-vis et avec la sortie d’Une affaire d’honneur. Le long, qu’il a réalisé et dans lequel il incarne un colonel cabossé et belliqueux, se focalise sur la fin du XIXe siècle, époque charnière où l’estoc n’est pas toc et où les affronts se règlent encore en duel. Bâillon de censure à peine arraché, la presse teste sa liberté, s’épanouit dans le sensationnalisme des faits divers et multiplie les piques au monde de la culture. Les échauffourées sur papier débouchant sur des demandes de réparation, les journalistes revêtent volontiers la défroque du duelliste, et les rédactions disposent de salles d’armes attenantes. Aujourd’hui, les espaces ont fusionné. L’honneur se venge à coups de joutes verbales ou numériques au tranchant moins sanguinolent, quoique tout aussi violent.
La mèche folle, le regard froncé de détermination, le comédien a longtemps promené sa flamboyance dans des films de cape et d’épée. Dans le salon de thé où il convie, le bretteur porte marinière et veste 45R, une marque japonaise de slow fashion. Le front est large, le poil mousquetaire. Quant au nez, il n’a pas été modifié, malgré la fixette d