Menu
Libération
Le portrait

Virginie Gautier, mon fils gendarme, ma bataille

Article réservé aux abonnés
Femme de gauche, la mère d’un des militaires impliqués dans la mort d’Adama Traoré se bat pour démontrer son innocence et raconte combien cette affaire a perturbé sa vision du monde.
Virginie Gautier, le 10 octobre 2022. (Nolwenn Brod/Libération)
publié le 20 octobre 2022 à 17h57

«La gendarmerie, c’est peut-être la Grande Muette, mais moi, j’ai décidé de parler !» Elle dit ça avec un sourire malicieux et derrière ce sourire, on aperçoit fugitivement celle que fut Virginie Gautier avant. C’est-à-dire avant que n’éclate l’affaire Adama Traoré, le 19 juillet 2016. Avant ce jour où Romain l’a appelée pour lui dire : «Maman, je voulais te prévenir, je fais partie des gendarmes dont on parle.»

Résumons l’affaire, qui a fracturé la France entre les pro-Traoré et les pro-gendarmes. Cinq jours après l’attentat de Nice, un jeune homme noir de 24 ans meurt des suites de son interpellation à Persan (Val-d’Oise). Sa famille accuse les gendarmes d’être responsables de sa mort. Figure de proue du comité la Vérité pour Adama, la sœur aînée de la victime, Assa Traoré, devient l’égérie de la lutte contre les violences policières. Des deux côtés de l’Atlantique, la presse de gauche et les grandes marques de luxe s’arrachent cette nouvelle Angela Davis à la coupe afro. Mais si une enquête a été ouverte contre les gendarmes pour «violences ayant entrainé la mort sans intention de la donner», six ans après les faits, ils n’ont toujours pas été mis en examen.

On rencontre la fringante retraitée, 66 ans, près de la gare Montparnasse. Elle débarque, en marinière, d’un port de pêche breton dont elle préfère tai

Les plus lus