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Libération
Le portrait

William Bourdon, jongleur de causes 

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Angoissé et bagarreur, cet avocat pénaliste aux convictions affirmées défend depuis quarante ans des ONG comme des personnalités moins évidentes.
William Bourdon à Paris, le 9 octobre 2023. (Martin Colombet/Libération)
publié le 28 décembre 2023 à 14h51

La première fois que Libé lui a tiré le portrait, il nous l’a rappelé d’emblée, c’était il y a pas loin de trente ans. «Temps toboggan !» nous a-t-il écrit, et on y a perçu de la fierté, sans doute aussi un peu de nostalgie. En septembre 1995, donc, William Bourdon était croqué dans nos colonnes en «homme jeune aux cheveux gris qui manifeste une grande fébrilité».

Sous le haut plafond de son bureau de la rue de Rivoli, les cheveux ont blanchi mais pas les angoisses, qui affleurent dans une volubilité proverbiale comme dans certains silences, dans une façon de suspendre une phrase, dans le mâchonnement d’un chewing-gum.

L’avocat a publié récemment Sur le fil de la défense, retour sur quarante ans d’une carrière prolifique, des commissions d’office des premières années aux plaintes de victimes de Pinochet, de la bataille d’ouvriers birmans contre Total à la défense des lanceurs d’alerte, tel l’ex-sous-traitant de la NSA Edward Snowden. Or, rosserie du calendrier, au même moment son nom apparaissait dans une fumeuse affaire de soupçons d’ingérence : pour porter la plainte d’une ONG contre un général émirati devenu président d’Interpol, qu’elle accuse d’être