Casquette verte vissée sur ses cheveux gris, chemise en jean Levi’s ouverte sur un tee-shirt bariolé, boucles d’oreilles et pin’s en forme de Palestine épinglé à la poitrine : Yann Tiersen, 55 ans, incarne l’esprit libre et rebelle d’un éternel adolescent, anticonformiste et indomptable. D’une voix posée, l’artiste-compositeur se décrit volontiers comme un peu «branleur», parfois «naïf», mais surtout profondément «révolté». «J’espère ne jamais arrêter d’être indigné», souffle-t-il en commandant son troisième café allongé, installé sur la mezzanine d’un bar à l’ambiance rétro du XIXe arrondissement de Paris.
Ces dernières années, Yann Tiersen ne fréquente plus guère la capitale. Le multi-instrumentiste (piano, violon, guitare, accordéon, mandoline…), dont les chansons ont fait le tour du monde avec la bande-son du Fabuleux Destin d’Amélie Poulain, revient tout juste d’une tournée au Svalbard, le point le plus septentrional de la Norvège, à bord de son voilier Ninnog.
Entre quelques concerts improvisés sur cette terre de glace et de silence, l’objectif était avant tout d’aller à la rencontre de scientifiques pour interpeller sur l’ampleur des dégâts environnementaux. «C’est dans cette région du monde que les effets du changement climatique sont les plus spectaculaires. Tous les chercheurs à qui j’ai parlé ont fondu en larmes, déchirés de voir disparaître des espèces. Cela montre l’impasse dans laquelle nous sommes : le capitalisme dé