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Le portrait

Yohji Yamamoto, drapé dans le présent

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Ne parlez pas de son âge au designer japonais culte, dont le radicalisme intact emballe les jeunes.
Yohji Yamamoto à Paris, le 20 janvier 2024. (Marie Rouge/Libération)
publié le 25 février 2024 à 16h56

On pense avoir mal compris. Quand Yohji Yamamoto dit, rigolard sous l’inamovible chapeau en feutre : «I love earthquakes !» – «j’adore les tremblements de terre». Pardon ? «Oui! J’ai dû en vivre quelque chose comme cinq, depuis l’enfance. Je me dis “ah tiens, ça bouge”, et ça me plaît. De toute façon, en tant qu’être humain, il faut vivre avec la nature, l’accepter et l’apprécier. Mais bon, il faut être japonais pour apprécier les tremblements de terre.» Il faut surtout être Yohji Yamamoto, à notre avis.

Lui-même a fait violemment bouger les lignes, quand il a déboulé dans les défilés parisiens, en 1981. «Mendiants», «haillons», «Hiroshima chic», s’est étranglé l’establishment face à sa marée de vêtements noirs, comme in progress ou déjà usés. Avec Rei Kawakubo, la grande prêtresse à la tête de Comme des garçons qui a été un temps sa compagne, Yohji Yamamoto a amorcé la «vague des Japonais» briseuse de l’orthodoxie alors en cours : occidentale, proche du corps, symétrique, très propre sur elle. Et le mouvement a fait école, auprès de la création belge notamment.

Pour tout ça, on a déjà fait son portrait, en 2006. On récidive parce que «Yohji-san» semble indemne, silhouette un brin courbée désormais mais

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