Combien de fois ai-je vu Zita Cabais-Obra faire ces gestes ? Saisir une main tremblante, toucher une épaule qui s’affaisse, tendre un mouchoir pour essuyer des larmes. Des dizaines, au moins. Dans la communauté des Philippines installées en France, l’ancienne domestique de 61 ans est surnommée «Mama». Elle est celle que ses compatriotes en situation d’esclavage contactent lorsqu’elles sont enfermées au domicile de leurs employeurs dans les beaux quartiers parisiens. Quand elles sont dénigrées, insultées, parfois battues, voire violées, et que le désespoir leur fait envisager un saut par la fenêtre comme seule voie vers la liberté, elles publient souvent un message sur des groupes communautaires via les réseaux sociaux. Ces dix dernières années, il y a eu des centaines d’appels à l’aide et autant d’esclaves derrière. «Bonjour, je suis employée à Paris. Ils me frappent. Pouvez-vous m’aider ?» ; «Bonjour, comment faire pour s’enfuir quand on n’a pas son passeport ?» Des domestiques d’ambassadeurs, de sportifs de haut niveau, de chefs d’entreprises, tous
Le portrait
Zita Cabais-Obra, «Mama» courage
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Zita Cabais-Obra, chez elle, à Saint-Denis, le 28 mai 2025
(Fanny de Gouville/Modds pour Libération)
publié le 1er juin 2025 à 15h00
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