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Nana Mouskouri, elle ne regrecque rien

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Longs cheveux de jais et immuables lunettes carrées, la chanteuse née en Grèce repart en tournée pour fêter ses 80 ans. Portrait.
Photo Audoin Desforges
publié le 16 décembre 2014 à 17h46

«Tou n’a pas sanzé», aurait pu lui susurrer Julio Iglesias, si l’époque était encore aux talk-shows à paillettes animés par Guy Lux. A l’âge d’or de la variété française, les stars papotaient en tenue de gala, improvisant parfois des duos roucoulants. Nana Mouskouri, elle, était déjà là, chantant aux côtés de Julio et de bien d’autres. Elle aurait pu disparaître, comme tant de vedettes du temps des confettis. Mais non. A 80 ans, la voilà qui repart en tournée, malgré ses adieux en 2008. Avec ce look immuable, registre dans lequel seules rivalisent Mireille Mathieu et Chantal Goya.

L'avantage, c'est qu'on la reconnaît tout de suite quand elle arrive dans ce grand hôtel parisien où elle a ses habitudes. Cinq décennies sur scène et toujours les mêmes cheveux noirs, les mêmes lunettes rectangulaires. Avec un style pareil, ce n'était pas forcément gagné d'avance. D'ailleurs, la dame ne s'en cache pas : «Dans ma carrière, mon physique m'a valu bien des rejets.» Et de raconter comment, à ses débuts, en 1957, invitée à remplacer une chanteuse, portée pâle, sur un porte-avions américain amarré dans le port du Pirée, elle a vu le manager blêmir. Quoi, on lui envoyait cette fille un peu grosse et binocleuse pour détendre les boys ? «Mais dès que j'ai commencé à chanter, les marins m'ont acclamée !» se réjouit-elle.

Les lunettes, ce fut une bataille personnelle. Jamais, malgré les incessantes pressions, elle n'a accepté de les ôter. Pareil pour ce prénom, diminutif de Io