Le quartier d’Anafiotika, sur les hauteurs (lire notre article), n’est pas un cas unique: la capitale grecque, souvent assimilée à une avalanche de béton armé, recèle de multiples oasis insoupçonnables qui permettent, bien plus que dans d’autres métropoles, d’échapper un temps à l’enfer urbain.
Depuis le centre-ville, il ne vous en coûtera ainsi que 7 euros et 15 minutes de trajet en taxi pour rejoindre les contreforts du Mont Hymette et le monastère de Kaisariani (photo ci-dessous), aujourd'hui inhabité, d'où partent d'innombrables sentiers de randonnées. Dans l'enceinte même de ce monastère byzantin, se dresse une église du XIe siècle dont les piliers sont constitués des colonnes du temple antique qui l'a précédé. On se retrouve soudain si loin de la ville qu'elle en paraît irréelle. Il y fait frais, même au cœur de l'été, et au printemps les bois environnants sont envahis d'iris sauvages multicolores.
Alcôves protégées
A Athènes même, la campagne surgit souvent au coin de la rue. Derrière la place Syndagma, le jardin national déploie une végétation luxuriante, sauvage, désordonnée, où la ville n'est plus qu'un lointain murmure, assourdi par le concert permanent des cigales. On retrouve la même ambiance déconnectée en grimpant jusqu'au sommet du Mont Lycabeth. Le quartier qui y mène est l'un des plus agréables d'Athènes, des escaliers longent des immeubles noyés dans la verdure. Au sommet, où se trouve une petite église, c'est toute la ville qui se déploie, avec au loin l'Acropole et derrière la mer à l'horizon.
Au cœur même de la ville, dans cette plaine souvent accablée de chaleur et saturée par la circulation, d'autres bulles d'oasis suspendent le temps et le stress en offrant d'échapper à l'asphyxie urbaine: tel l'étonnant café du Musée numismatique, encadré d'avenues à la circulation intense, qu'on oublie aussitôt franchi le portail de cette cour préservée. On pourrait encore évoquer celui qu'abrite, dans une ambiance qui rappelle les jardins de Toscane, le Musée Byzantin.
Muses et musées
On l'oublie souvent mais Athènes ne se limite pas au Musée de l'Acropole. Outre le Musée Benaki, institution privée qui continue à présenter une exceptionnelle collection recouvrant 5000 ans d'histoire grecque (bien qu'ayant perdu 63% de ses subsides publics entre 2009 et 2012, pour cause d'austérité), le Musée Byzantin ou encore celui d'Art cycladique de la Fondation Goulandris, la ville s'est également dotée d'un ambitieux Musée d'Art Contemporain, qui a mis longtemps à décoller, accueilli dans une ancienne brasserie fondée par des Bavarois installés en Grèce au XIXe siècle.
Dans le quartier de Metaxourgeion, ancien lieu ouvrier grignoté par les bars et galeries branchées, sans avoir chassé pour l'instant les nombreux bordels qui y ont pignon sur rue (identifiables à leurs petites lanternes extérieures), se trouve aussi la Pinacothèque Nationale d'Athènes. Installée en 2010 dans une ancienne fabrique de soie, elle offre à travers près de 3000 œuvres un vaste panorama de la scène artistique grecque du XXe siècle.
Enfin, en bord de mer, la Fondation Niarchos a inauguré cette année un étonnant espace conçu par Renzo Piano, comprenant un gigantesque opéra et une bibliothèque nationale moderniste. Le tout dans un immense bâtiment aérien entouré d'un vaste jardin paysager.
Car ici rien n’égale le plaisir de découvrir son propre petit coin de verdure, une terrasse de musée (lire notre article) avec vue sur la ville, un jardin secret caché au cœur du béton. Lorsque soudain la ville disparaît, comme si le charme d’Athènes c’était aussi de pouvoir l’oublier.
Dans notre dossier Athènes

[ «Le déca, c’était un truc de dingues…» ]
A lire: Fêtes à tous les étages
A lire: Poings levés et pas de quartiers