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Ladakh buissonnier

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Cette région frontalière du Tibet est une immense vallée de landes et de roches. Les trekkeurs en ont fait leur paradis. Un classique.
(McKay Savage / FLickr)
par Sacha goussin
publié le 30 janvier 2008 à 6h00

On ne voit qu’eux, les Tata, les camions du plus gros groupe industriel indien. Depuis trois jours que nous roulons, nous ne cessons de croiser ces gros engins peinturlurés, ornés de colliers de fleurs. Trois jours d’incessants bruits de klaxon, qui fait ici office de clignotant. Trois jours de zigzags entre les vaches, les rickshaws, les charrettes à bras et les nids de poule.

Un grouillement qui s’arrête brutalement à Darcha. C’est ici, dans le silence de ce village, à 3300 mètres d’altitude, que commence notre trek au Ladakh, ancien royaume bouddhiste ouvert au tourisme depuis seulement 1974. Son nom dérive du tibétain «la-dags», signifiant «pays des cols». C’est qu’entre la chaîne du Karakoram, avec ses glaciers massifs, et la barrière de l’Himalaya avec ses montagnes de 7000 mètres, les cols à franchir seront nombreux pour rejoindre Leh, grande ville de l’Etat indien du Jammu-et-Cachemire, notre terminus, près de la frontière avec le Tibet.

Froideur minérale

Quatorze Français, un guide, son adjoint (appelé le «sirdar»), un cuistot et ses trois assistants, vingt-sept mules et leurs quatre gardiens, une dizaine de poulets vivants: c’est un vrai convoi exceptionnel qui s’ébranle pour vingt jours de marche. Première leçon de savoir-vivre, le bonjour en ladhaki, dialecte local issu du tibétain. Un «julley» (prononcez «djoullé») indispensable pour chaque rencontre, aussi brève soit-elle.

Mais durant les premiers jours de marche, nous n’en feront guère. La région ne compte que 100000 habitants: en