Depuis Manigod, le long ruban blanc de la route déneigée se déroule en sinuosités avant d’être coupé net sous le hameau du Torchon. Le chasse-neige a capitulé et renoncé à aller plus avant. C’est enfin le moment de chausser les raquettes pour goûter l’émotion de l’alpe hivernale. D’élégants petits chalets racontent la sagesse et la prudence ancestrale des hommes confrontés à un environnement exigeant, une époque où les chambres à coucher se pelotonnaient contre l’étable pour profiter de la chaleur des bêtes et où on préférait ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier.
À côté du bâtiment principal, qu’une lampe à pétrole renversée ou une cheminée défectueuse pouvait rapidement réduire en cendres, de minuscules abris en bois, les mazots, protégeaient jadis toute la fortune du paysan : vêtements, argent, papiers, mais aussi quelques stocks de graines pour assurer les cultures de la saison suivante. La montagne se montre impitoyable envers les insouciants. Ce judicieux dédoublement de l’espace donnait une chance de survie aux malheureux qui se retrouvaient en chemise de nuit dans la neige devant les ruines fumantes de leur maison.
Aujourd’hui, la plupart de ces chalets patrimoniaux – dont certains remontent au XVIIe siècle – ont été convertis en résidences secondaires. Les plus belles pièces de bois des bâtisses anciennes sont fort recherchées et réutilisées comme éléments de décoration intérieure dans de luxueux chalets modernes...
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