La télébenne! Mais si, vous savez, ce «casier à bouteilles» comme ils disaient. Non, cela ne vous dit rien? Et le télétraîneau… Toujours pas ? Le téléluge alors, alimenté par un moulin… Ces systèmes, parmi tant d’autres, ont pourtant permis aux avant-gardistes de dévaler les pentes enneigées – mais pas damées – jusqu’à la généralisation des systèmes actuels. Aujourd’hui, si ces derniers peuvent atteindre un débit de 4000 skieurs à l’heure, ceux d’antan peinaient à assurer le transport d’une dizaine d’entre eux. En fait, il leur aurait fallu plus de 330 heures, soit presque deux semaines d’activité ininterrompue, pour brasser autant de monde.
Monter pour redescendre, un concept qui ressemble furieusement au mythe de Sisyphe… Et qui n’allait pas de soi au début du siècle dernier. Rétrospective.
Funiculaire aérien. En 1924, le premier téléphérique français naît avec les Jeux Olympiques d’hiver, à Chamonix. Il est l’aîné des systèmes à vocation touristique. S’il devait permettre l’accès au panorama, le «téléférique des Glaciers», aussi appelé «funiculaire aérien», verra vite son utilisation détournée par les premiers skieurs, heureux de prendre de la hauteur, sans effort…
Si le premier exemplaire prototype date de 1908, la véritable révolution des remontées dites «au sol» apparaît dans les années 1930. Débordant d’ingéniosité et cherchant à tout prix l’innovation qui réduirait leurs confrères au rang d’amateurs, les inventeurs créent le télétraîneau, le téléluge amélioré et enfin le téléski, en 1934. Œuvre du Suisse Ernst Constam, le système est une révolution: son débit dépasse les 600 skieurs à l’heure. Concurrence oblige, l’ingénieur Jean Pomagalski invente sa propre version un an plus tard. Le Français remplace alors les archets suisses par des perches.
Après-guerre, l’âpre match des inventions techniques repart de plus belle. Sur toutes les langues, un mot : «le débit». On invente alors le télésiège débrayable qui permet une vitesse réduite en gare, mais accélérée en ligne. Des tapis de lancement sont installés pour que skieurs et machines aient la même vitesse. Si l’homme déborde d’idées novatrices, certaines d’entre elles demeurent un mystère : pourquoi avoir eu le génie d’inventer le télésiège, mais la naïveté d’y adjoindre dans les premiers temps des sièges latéraux ? Le skieur, perpendiculaire à la piste, devait déchausser à chaque montée et s’arranger pour descendre sans encombre.
Les principaux systèmes de remontée mécanique créés, il ne restait plus qu’à les améliorer. Les téléphériques, délaissés depuis leur création, seront ragaillardis dans les années 1990 par l’équipement de cabines à la capacité d’accueil décuplée. Plus encore, il est aujourd’hui possible d’atteindre des hauteurs en un temps record, si rapidement que le skieur est contraint de se gaver de chewing-gums, de bâiller à tout va pour tenter, en vain, de déboucher ses fragiles oreilles. Le Vanoise Express, téléphérique sur deux étages à la vitesse de croisière de 45 km/h, embarque 200 touristes par cabine.
Cet engin, le plus important au monde, est le fruit de l’entreprise POMA, ou Pomagalski, celui-là même qui se cachait derrière le tire-fesses en 1935. L’entreprise des sports d’hiver est devenue telle que le parc français des remontées mécaniques totalise 2900 kilomètres de longueur développée, soit la distance Paris – Le Caire…
Source: domaines-skiables.fr