Jeremy Collins est un grimpeur et illustrateur américain dont les créations habillent les pages de magazines spécialisés sur la montagne. Dans
Dessins à la vertical
e, il raconte sa quête de parois:
«Partir de la maison vers les quatre points cardinaux - Ouest, Est, Sud, Nord- pour aller gravir des trucs vraiment spectaculaires.»
Son style foisonnant et généreux résonne avec la richesse des rencontres et des amitiés nouées au fil de ses ascensions.
Et c’est bien la force de son récit: raconter la montagne mais aussi les hommes qui l’accompagnent ou l’aident à réaliser ses escalades. Le chef d’une tribu dans la grande savane vénézuélienne, le retraité pilote à ses heures dans le grand Nord canadien ou le grimpeur de 54 ans, toujours soucieux de découverte, qui gravit un sommet de 1300m quand ses coéquipiers se reposent au camp de base en attendant la bonne fenêtre météo.
Ce pêle-mêle de dessins, photos, topos de voie, collages, peintures, citations et bien sûr récit, nous balade aux quatre coins du monde, sur l’atlas intime de l’auteur, du Yosémite à la Chine, du Venezuela au Yukon. Avec émotion et une pointe d’humour. Sur des parois tropicales ou froides, avec la verticalité pour point commun.
Sous le crayon de Collins, la montagne est toujours voluptueuse, surprenante, sacralisée, mais jamais menaçante. Son ascension n’en est pas plus facile ou dénuée de frayeur, mais elle reste accessible au lecteur. Les sommets qu’il aborde (en dehors de Yosémite) ne sont d’ailleurs pas les plus médiatisés du monde de l’escalade et il ouvre souvent de nouvelles voies. L’exploit sportif est relégué derrière une vision aimante de la montagne et des solidarités qu’elle engendre. Collins se livre à une petite introspection de temps en temps, évoque la famille et les enfants laissés derrière lui, le temps de ses échappées en hauteur, ou l’ami, alpiniste, perdu en cours de route. Son dessin, parfois enfantin, sublime les personnages et exalte le parfum d’aventure inhérent aux cartes.
Une belle invitation au voyage et à la rencontre… même si l’on ne grimpe pas.
Dessins à la verticale, de Jeremy Collins, éditions Glénat.