Côté statistiques des «8 000», l’Everest joue hors concours. Le «toit du monde» a été gravi près de 7 500 fois, par environ 4 500 personnes, dont une majorité de sherpas. 282 personnes y sont mortes. Le drame de 1996 - huit morts en deux jours à haute altitude, dans la tempête - est célèbre, mais c’est en 2014 et 2015, coup sur coup et pratiquement au même endroit, que sont survenus les épisodes les plus meurtriers de l’histoire de l’Everest.
Le 18 avril 2014 au matin, 16 sherpas sont tués dans une avalanche qui les surprend alors qu’ils travaillent, à 5 800 mètres, à l’équipement de la voie d’ascension, avant l’arrivée des clients. Ces travailleurs d’altitude étaient au Khumbu Icefall, portion de glacier très tourmentée qui constitue la première partie de l’ascension, au-dessus du camp de base de la voie historique népalaise. Les sherpas obtiennent l’annulation de toutes les expéditions de l’année sur ce versant, en signe de deuil.
Un an plus tard, le 25 avril 2015, une autre avalanche monumentale, déclenchée par un séisme qui a ravagé le Népal, souffle une partie de ce camp de base de la face Sud de l’Everest, à l’altitude de 5 300 mètres. Dix-neuf personnes, dont dix Népalais, sherpas ou employés du camp, sont tuées sur le coup. Là encore, aucune ascension de l’Everest par son versant népalais n’a été faite cette année-là.
Au printemps, le grand cirque de l’Everest a repris : environ 600 ascensions ont été réussies. Cinq alpinistes y sont restés. Un chiffre «normal», conforme à la moyenne morbide du toit du monde.